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Mélange d'été et d'automne

MétéoSuisse-Blog | 19 septembre 2024
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Si l'automne astronomique ne débute que dimanche 22 septembre vers 16h43, les conditions météorologiques qui ont régné en Suisse durant ces derniers 10 jours évoquent plutôt une fin octobre qu'une mi-septembre. Néanmoins, même si l'été ne semble déjà plus qu'un lointain souvenir, les nuages qui ourlent cet après-midi les crêtes alpines et jurassiennes nous montrent que l'été n'est peut-être pas totalement mort.

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Début de journée automnal

Ce jeudi matin, tout comme mercredi matin, les grisailles étaient nombreuses et étendues sur le Plateau suisse. Celles-ci s'insinuaient même jusque dans les vallées alpines et certains vallons du Jura. La dissipation de cette couche de stratus/stratocumulus fut laborieuse dans certains secteurs du Plateau en raison de l'altitude relativement élevée se ces nuages stratiformes et de la présence d'une bise résiduelle. Aujourd'hui, la couche de grisaille étant plus basse, le soleil de septembre est largement capable d'en venir à bout dans la majorité des régions. Néanmoins, en milieu d'après-midi, il subsistait encore quelques poches de résistance dans la région des Trois-Lacs et sur le sud-ouest du Plateau alémanique.

Puis un petit air d'été

Alors que certaines nappes de stratus n'avaient pas encore achevé de se dissiper, des cumulus se formaient déjà sur les crêtes alpines et jurassiennes grâce au soleil encore relativement chaud de septembre et la présence d'air un peu plus frais à haute altitude. Ceux-ci ont rapidement pris du volume pour se transformer en cumulonimbus porteurs d'averses et d'orages, dignes d'une journée d'été.

Des nuits plus longues et un soleil moins haut, mais pas que...

Ce type de situation un peu hybride entre l'été et l'automne s'explique par le fait que nous sommes proches de l'équinoxe d'automne. Le soleil monte bien moins haut qu'en plein été mais il est encore à 45° au-dessus de l'horizon vers le midi solaire. Le soleil est donc relativement chaud mais il fait face à des nuits de plus en plus longues lors desquelles un fort refroidissement a lieu dans les couches d'air proches du sol. Il se forme ainsi une inversion de température que seul un soleil de mai, juin ou juillet pourrait éliminer totalement. Dans le cas qui nous intéresse, l'inversion de température que nous observons sur les sondages n'est pas uniquement due au refroidissement nocturne mais aussi à la grande quantité d'air froid qui a été apportée depuis le nord lors du fort afflux d'air polaire de ces derniers jours. Si celui-ci a été facilement évacué en altitude, une bonne couche assez épaisse a été "oubliée" sur le Plateau suisse, entretenue par un courant de bise aigrelet. Cela explique l'altitude élevée de la limite supérieure du stratus qui se situe généralement au-dessus de 1300 à 1600 mètres. Même un soleil de juillet aurait de la peine à éliminer ce lac d'air frais sans l'aide d'un courant d'air chaud venant du sud-ouest.

Stratus et cumulonimbus, parfois aussi en plein été

Stratus en plaine et cumulonimbus en montagne au même moment n'est pas uniquement l'apanage de la période de l'équinoxe d'automne. Pour la petite histoire, plusieurs cas ont déjà été observés en plein été. Ce fut par exemple le cas le 5 juillet 1987, lorsqu'une couche de stratus tenace a occupé le Plateau, entretenu par une bise modérée. Alors que le Plateau baignait dans la grisaille, les crêtes du Jura et celles des Préalpes, au soleil, voyaient se former de puissants cumulonimbus.

L'été et l'automne sur une seule image

L'image satellite ci-dessous montre une situation peu fréquente mais que nous retrouvons certaines années, généralement autour de l'équinoxe d'automne, encore plus rarement en plein été. Sur cette image nous pouvons observer une couche de stratus sur le Plateau, alors que des cumulus et des cumulonimbus se développent sur les crêtes du Jura et des Alpes. Ces développements convectifs sont dus au réchauffement diurne des pentes, associé à la présence d'air plus frais à haute altitude.

Encore quelques jours "hybrides" puis mise en place d'un courant d'ouest

Ces conditions un peu hybrides vont se poursuivre vendredi et samedi. Toutefois, en raison de la cessation de la bise, les lacs d'air froid matinaux se feront plus minces et plus faciles à éliminer. De ce fait, les grisailles en plaine seront de moins en moins tenaces. En ce qui concerne l'instabilité sur les reliefs, celle-ci sera encore bien marquée vendredi avec le maintien d'un risque d'averses ou d'orages l'après-midi. Cette instabilité devrait diminuer samedi en raison d'un léger réchauffement à haute altitude. De ce fait, les cumulus continueront à se former mais ils évolueront plus difficilement jusqu'à l'orage. Dès dimanche après-midi, l'approche d'une perturbation Atlantique devait inaugurer une période de courant d'ouest dont les contours sont encore assez flous.