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L'ouragan Beryl - d'une violence précoce

MétéoSuisse-Blog | 03 juillet 2024
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Dépression tropicale formée vendredi 28 juin au centre de l'Atlantique tropical, Beryl est devenu en 48 h un ouragan majeur de catégorie 4, ce qui en fait le plus précoce jamais enregistré. Il s'agit d'un précédent alarmant pour une saison des ouragans qui s'annonce très active pour l'ensemble du bassin.

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Dépression tropicale formée vendredi 28 juin sur le centre de l’Atlantique tropical, Beryl est devenu en moins de 42h un ouragan de catégorie 3 sur l’échelle de Saffir Simpson. Dimanche 30 juin, soit en 48 h, il est passé en catégorie 4, ce qui en fait le plus précoce jamais enregistré en juin dans l'Atlantique.

Touchant les Caraïbes tôt lundi 1er juillet, Beryl a frappé le sud des îles du Vent, avec des vents atteignant  près de 220 km/h. Il a ensuite frappé directement la Grenade et a eu des répercussions importantes sur Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Il s'agit de petites îles qui ont peu d'expérience dans la gestion d'un ouragan de cette catégorie.

Beryl est passé en catégorie 5 lundi soir. Il s’agit du deuxième ouragan de cette catégorie sévissant au mois de juillet dans l’histoire, le premier étant Emily en 2005. Selon le Centre météorologique régional spécialisé de Miami de l'OMM, géré par le National Hurricane Center (NHC) des États-Unis, les vents ont atteint près de 270 km/h.

Mardi soir, l’ouragan est passé en catégorie 4 en raison de vents légèrement moins violents.

Ce mercredi, Beryl pourrait entraîner des vents de l’ordre de 240 km/h sur une partie de la Jamaïque et le sud de Haïti, puis sur les îles Caïman tôt jeudi. Des inondations et des glissements de terrain pourraient se produire sur ces régions en raison des fortes pluies attendues. L’onde de tempête pourrait en effet faire augmenter le niveau de l’eau de 2 à 2.5 mètres au-dessus du niveau normal de la marée sur les côtes concernées. Des précipitations totales de 100 à 200 m, localement 300 mm pourraient provoquer des crues soudaines dans les zones vulnérables, notamment la péninsule de Tiburon en Haïti.

Des fluctuations de force sont probables au cours des prochains jours, mais Beryl devrait rester un ouragan lorsqu’il approchera de la péninsule du Yucatan et du Belize tôt vendredi.

La prévision de la trajectoire et de l’intensité de Beryl ce week-end sur l’ouest du golfe du Mexique reste incertaine.

"Il suffit qu'un ouragan touche terre pour que des années de développement socio-économique soient remises en cause. Par exemple, l'ouragan Maria, en 2017, a coûté à la Dominique 800 % de son produit intérieur brut", a déclaré Ko Barrett, secrétaire général adjoint de l'OMM.  "Nous devons être particulièrement vigilants cette année en raison de la chaleur océanique presque record dans la région où se forment les ouragans de l'Atlantique et du passage à des conditions La Niña qui, ensemble, créent des conditions propices à la formation de tempêtes", a déclaré M. Ko Barrett.

Une intensification rapide

Le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (IPCC) prévoit que la proportion de cyclones tropicaux intenses et les taux de précipitations moyens et maximums augmenteront en raison du changement climatique.

Le cas de l’ouragan Beryl s'inscrit dans la tendance récente à une intensification très rapide, comme ce fut le cas pour l'ouragan Otis, qui s'est transformé en ouragan de catégorie 5 en une nuit et a frappé la station balnéaire mexicaine d'Acapulco en octobre dernier.

L'une des raisons pour lesquelles l'ouragan Beryl s'est intensifié pour devenir un ouragan de catégorie 5 plus de deux semaines avant tous les autres ouragans atlantiques enregistrés est le niveau extrêmement élevé des températures de surface de l’océan. Selon Philip Klotzbach, qui fait partie du réseau d'experts scientifiques de l'OMM, les température en surface de l'océan des Caraïbes correspondent aujourd'hui à ce que l'on observe normalement à la mi-septembre.

Les températures de surface de la mer (dans la zone 60°S-60°N) ont atteint un niveau record pour le mois concerné pendant 14 mois (chiffres jusqu'en mai 2024).

L'Atlantique central et oriental devient traditionnellement plus actif en août, en partie parce que les températures océaniques ont eu le temps de se réchauffer et d'alimenter les systèmes en développement. Normalement, les températures océaniques ne sont pas assez élevées en juin et juillet pour permettre aux systèmes tropicaux de se développer.

Cette situation ouvre la voie à une saison des ouragans qui s'annonce particulièrement active et dangereuse pour l'ensemble du bassin - Atlantique, Caraïbes et Amérique centrale.

Une saison active

Habituellement, les ouragans majeurs, de catégorie 4 ou plus, commencent à se former fin août – début septembre, lorsque les eaux tropicales ont atteint des valeurs suffisantes. Cette année, en raison du réchauffement global, la température de surface de l’océan Atlantique nord est exceptionnellement élevée.

Le Climate Prediction Center de la NOAA prévoit une fourchette de 17 à 25 tempêtes nommées (la moyenne est de 14). Parmi elles, 8 à 13 devraient devenir des ouragans (7 en moyenne), dont 4 à 7 ouragans majeurs (3 en moyenne). Un ouragan majeur est de catégorie 3, 4 ou 5 sur l'échelle de Saffir Simpson, avec des vents de 178 kmh/111 mph ou plus.

La saison des ouragans dans l'Atlantique dure du 1er juin au 30 novembre et est suivie de près par le programme des cyclones tropicaux de l'OMM. Cela fait maintenant huit années consécutives que l'activité est supérieure à la moyenne. La dernière saison inférieure à la normale remonte à 2015.

Les températures chaudes à la surface de la mer et l'absence de cisaillement du vent due à la transition de la saison El Niño à La Niña favorisent les développements de type tropical.

Cet article est traduit et actualisé d'une actualité publiée le 2 juillet 2024 en anglais par l'organisation Météorologique Mondiale (OMM).