Malgré les grandes vacances déjà commencées, jusqu’à cette semaine, il manquait encore à la Suisse une période de temps anticyclonique assez stable, avec des journées ensoleillées et des soirées douces : bref, un vrai temps estival, propice aux fenaisons.
Pour retrouver la dernière fois que la Suisse a connu un temps anticyclonique durable avec plusieurs journées très ensoleillées consécutives, il faut remonter au mois d’avril ! Plus précisément quatre journées ensoleillées d’affilée du 11 au 14 avril.
On qualifie une journée d’« ensoleillée » lorsque la durée d'ensoleillement dépasse 80 % de la durée d'ensoleillement maximale possible à cette période de l’année.
Après cette période de beau temps de quatre jours à la mi-avril, les jours de beau temps ont été rares. En moyenne sur les régions de plaine du nord des Alpes, il y en a eu seulement quatre jusqu'à la mi-juillet, et aucune longue période très ensoleillée. Au sud des Alpes également, les journées ensoleillées ont été assez rares, et toujours éparpillées dans le calendrier depuis la mi-avril.
Ceci constitue une différence avec 2021, qui reste dans la mémoire collective comme la dernière année avec un printemps et un été maussades. Comme on peut le voir ci-dessous pour la station de Payerne, il y avait eu en 2021 plusieurs « blocs » de beau temps relativement prolongé : avril, fin mai, début juin, mi-juillet (figure 3, zone encadrée). À l’inverse, en 2024, on trouve aussi des journées ensoleillées et sèches mais elles sont éparpillées (figure 4), donc pas de période évidente pour faire les foins...
Tout le premier semestre 2024 a été à l'image des dernières semaines, c'est-à-dire très souvent maussade et humide. De février à juin, l'ensoleillement mensuel a toujours été inférieur à la moyenne de la période 1991-2020 dans l'ensemble du pays. Pour beaucoup d'entre nous, le manque d'ensoleillement a été pesant.
Les longues séries de mesures de MétéoSuisse mettent en évidence le faible ensoleillement de la première moitié de l'année par rapport aux années précédentes. À Lugano, 894 heures d'ensoleillement ont été enregistrées de janvier à juin 2024. Des valeurs aussi basses n’avaient pas été enregistrées depuis les années 1980 ! Au cours des deux dernières décennies, la première moitié de l'année (de janvier à juin) avaient même souvent dépassé les 1100 heures d'ensoleillement à Lugano.
Le soleil s'est également fait rare au nord des Alpes. En moyenne, les stations du Plateau (Genève, Neuchâtel, Berne, Bâle, Lucerne et Zurich/Fluntern) ont enregistré une durée d'ensoleillement de 704 heures entre janvier et juin 2024. Là aussi, c'est une valeur typique des années 1980. Mais il y a aussi eu plus récemment, en 2016 et 2013, des premiers semestres avec un ensoleillement comparable, voire inférieur. Sur le Plateau, la durée ensoleillement moyen pour un premier semestre est d'environ 900 heures.
À Lucerne, on attend en moyenne 82 journées nuageuses de janvier à juin. En 2024, ce chiffre était légèrement supérieur, avec 87 jours.
La période estivale tant attendue se présente pour cette semaine (figure 7). Méfiance toutefois : vendredi après-midi, les températures au sol vont sensiblement monter, et de l'air un peu plus frais sera acheminé en altitude au-dessus de la Suisse. L'instabilité va donc augmenter, et cela pourrait suffire à déclencher sporadiquement quelques orages isolés.
La prévision d'ensemble du modèle Icon-1 suggère d'ailleurs assez bien ce risque : comme on peut le voir sur la figure 8, plusieurs scénarios du modèle d'ensemble prévoient des averses isolées sur la Suisse romande. Notez que ce risque n'apparaîtra pas forcément dans l'animation radar/précipitations sur l'App MétéoSuisse, qui ne montre qu'un scénario parmi ceux-là ! C'est pourquoi nous conseillons toujours aux usagers de l'App de lire aussi le bulletin, où le prévisionniste apporte son expertise.