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Quelle température fait-il ? Demandez au grillon..

MétéoSuisse-Blog | 12 mai 2024
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Avez-vous déjà remarqué que les grillons chantent à un rythme différent d'un jour à l'autre ? Ce constat a également intrigué le physicien et inventeur américain Amos E. Dolbear (1837 - 1910), qui a pu établir une relation entre la fréquence des stridulations et la température, étude publiée dans un court article du magazine « The American Naturalist » en 1897.

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Après les aurores boréales et leur poésie céleste, voici une nouvelle activité liée à la météorologie, plus terre à terre, demandant un peu d’engagement, mais non dénuée de charme.

Avez-vous déjà remarqué que les grillons chantent à un rythme différent d'un jour à l'autre ? Ce constat a également intrigué le physicien et inventeur américain Amos E. Dolbear (1837 - 1910), qui a pu établir une relation entre la fréquence des stridulations et la température, étude publiée dans un court article du magazine « The American Naturalist » en 1897.

Le printemps, c'est en effet le retour du grillon des champs (Gryllus campestris) et du « cri-cri » caractéristique émis par les mâles se frottant les ailes pour marquer leur territoire et attirer les femelles.

Le grillon appartient à la classe des insectes et est un animal à sang froid : sa température corporelle dépend de celle de l'environnement. Dans des conditions froides, le grillon se déplace plus lentement, tandis qu'à des températures plus élevées, il devient progressivement plus actif. Cela a également une influence sur la vitesse de frottement de ses ailes : lorsqu'il fait chaud, les « cri-cri » individuels sont plus rapprochés.

Un grillon solitaire, surtout pendant la journée, émet des sons plutôt aléatoires. La nuit, en revanche, les nombreux grillons d'une prairie se synchronisent : ils « chantent » tous à l'unisson, comme s'ils étaient guidés par la baguette d'un chef d'orchestre. En plus de se synchroniser entre eux, les grillons stridulent à un rythme très régulier, qui dépend de la température ambiante.

La loi de Dolbear

Muni d'un chronomètre et d'un thermomètre, Dolbear, après avoir écouté les grillons pendant un certain temps, formule une loi empirique permettant d'estimer la température à partir du nombre de stridulations par minute. En tant qu'Américain, la loi originale s'appliquait aux températures en degrés Fahrenheit :

Tf = (N - 40)/4 + 50

où N est le nombre de stridulations par minute. Pour simplifier, si nous comptons le nombre N' de stridulations en 15 secondes, nous avons :

Tf = N' + 40

Par exemple, pour 25 stridulations en 15 secondes, on obtient une température de 65 °F.

Pour des degrés Celsius, on modifiera ainsi la formule :

Tc = (N - 40)/7 + 10

Pour simplifier, si nous comptons N'' en stridulations sur 8 secondes :

Tc = N'' + 5

Par exemple, si nous comptons 20 stridulations en 8 secondes, nous obtenons Tc = 25 °C.

Il reste à savoir qu'en dessous d'une certaine température (environ 13 °C), les grillons n'émettent pas de stridulations ; la formule devrait néanmoins fonctionner pour des températures nocturnes estivales normales.

Passons maitenant à l'exercice proprement dit.

Étalonnage

Dolbear a formulé sa loi en observant une espèce particulière de grillon (que l'on pense être l'« Oecanthus fultoni ») et les conditions climatiques de la région où elle vivait. La loi n'est pas nécessairement exacte pour les grillons champêtres européens.

Si nous voulons améliorer notre « thermomètre à grillon », nous devons donc le calibrer.

Voici une proposition de recherche à mettre en place cet été (peut-être une bonne idée pour éloigner votre progéniture des écrans pendant quelques heures) : armé d'un chronomètre et d'un thermomètre, écoutez « vos » grillons sur « votre » prairie et notez la fréquence des grillons et la température pendant les soirées d'été. Pour une estimation plus fiable, les observations doivent être répétées au moins une douzaine de fois avec des températures différentes, mais dans des conditions météorologiques similaires (pas de pluie, humidité du sol similaire, etc.).

Une fois les données recueillies, reportez-les sur un graphique : en abscisse le nombre de stridulations par minute (ou en 8 secondes), en ordonnée la température. Tracez ensuite une ligne droite passant par le plus grand nombre de points possible. Vous pouvez le faire à l'œil, ou plus précisément à l'aide d'un tableur et de la fonction « régression linéaire ».

Rendez-vous dans les commentaires de ce blog à la fin de l'été pour un comparatif des résultats.

Si vous souhaitez nous faire parvenir un graphique, merci de l'envoyer à serviceclient@meteoswiss.ch ou par poste  à MétéoSuisse, thermomètre à grillon, 7 bis av. de la Paix, 1211 Genève 2

En savoir plus

Disclaimer

MétéoSuisse décline toute responsabilité en cas de mesure decevante de la température par le biais de cette méthode.