Davantage que les températures absolues mesurées ces jours-ci, c’est surtout le contraste entre les journées estivales du week-end dernier et l’incursion hivernale actuelle qui interpelle. L’atmosphère ayant perdu plus de 20 °C à toutes les altitudes en quelques jours, la question des records de froid pour un mois d’avril germe assez naturellement dans l’esprit de certains lecteurs.
Voyons donc pour commencer quels sont ces fameux records d’avril :

On constate que les records de températures maximales les plus basses sont proches de 0 °C dans les régions de plaine, de -5 °C en moyenne montagne et entre -15 et -20 °C en haute montagne. Il ressort également de ces relevés que – à de très rares exceptions près, comme le Chasseral par exemple – tous ces records datent d’avant l’an 2000.
Penchons-nous maintenant sur les températures minimales :

Ici les valeurs de plaine sont comprises entre -5 et -10 °C, celles de moyenne montagne entre -10 et -20 °C (à l’exception de la Brévine bien sûr) et celles de haute montagne entre -20 et -27 °C.
Les températures attendues durant la semaine à venir pourraient-elles créer la surprise et venir mettre à mal certains records ? Disons-le d’emblée, c’est très peu probable ! La probabilité d’avoir des températures maximales inférieures à 5 °C durant la journée la plus froide attendue ces prochains jours est comprise entre 0 et 20 % ; autant dire que celle d’avoir des maxima voisins de 0 °C (donc proches des records) est donc quasi-nulle. Les températures maximales les plus probables seront plutôt comprises entre 6 et 12 °C tous ces prochains jours, voire davantage en cas d’ensoleillement plus généreux que prévu.


L’examen des températures minimales attendues offre les mêmes perspectives, avec des températures comprises entre +2 et -3 °C ces prochains jours, loin donc des -5 à -10 °C des records. La carte de COSMO ci-dessous montre la probabilité de franchir certains seuils de température minimale, en l’occurrence également pour la nuit de dimanche à lundi. Il ressort qu’à part en Valais central, des températures à 2 m nettement en dessous de 0 °C sont peu probables. Notons cependant que les températures minimales sont nettement plus dépendantes de la topographie que les températures maximales ; elles présentent donc une très grande variabilité dans l’espace. Ces prochains jours, le gel sera donc généralisé en cas de nuit dégagée et sans vent, en particulier dans les combes, creux et autres dépressions de terrain. Un fort gel est même prévu pour la nuit de jeudi à vendredi (la nuit prochaine donc) ainsi que pour la nuit de dimanche à lundi.



Dans un climat dont les températures sont en constante augmentation, la perception des périodes considérées comme « froides » tend également à se décaler vers des températures de plus en plus chaudes. Ce décalage perceptif est bien illustré par le fait que les températures maximales prévues ces prochains jours correspondront peu ou prou à la température maximale moyenne du mois d’avril 1956 présentée ci-dessous :

En d’autres termes, l’exception d’aujourd’hui était la norme d’hier…