A moins de 15 jours de la fin de l’hiver météorologique 2023-2024, il est déjà possible d’établir un bilan intermédiaire de la saison. La douceur a souvent dominé et nous nous dirigeons vers un des hivers les plus doux depuis le début des mesures en 1864.
Les premiers jours du mois de décembre ont été froids (Figure 1). Le 3 décembre, une journée sans dégel (températures maximales inférieures à 0 °C) a été enregistrée dans presque tout le pays, à l’exception de la région lémanique et du Tessin. Par ailleurs, de la neige recouvrait de nombreuses régions du Plateau avec même des épaisseurs importantes sur le nord-est de la Suisse (par exemple 31 cm de neige gisante à Zurich-Fluntern le 3 décembre).
A partir du 8 décembre, le redoux est arrivé avec des quantités considérables de précipitations. La neige a rapidement fondu en plaine, mais aussi dans l’Arc jurassien et dans les Préalpes. En revanche, à plus haute altitude, il a bien neigé et les épaisseurs de neige ont été au-dessus de la moyenne.
Ce redoux s’est prolongé pendant les périodes de Noël et du Nouvel-An.
Une autre séquence hivernale a débuté autour du 8 janvier et s’est prolongée jusqu’au 21 janvier, entrecoupée d’une brève période de redoux les 17-18 janvier (Figure 2). Il y a eu quelques journées sans dégel en plaine, sous la couche de stratus. Comme il a neigé jusqu’en plaine au début de la période froide, avec par exemple 15 cm de neige à Genève-Cointrin le 9 janvier, un manteau neigeux a pu se maintenir pendant quelques jours, y compris sur les bords du Léman. Avec le froid et la neige au sol, le ressenti de cette période a été pleinement hivernal.
Depuis le 22 janvier, le temps est devenu plus anticyclonique et très doux aussi bien en plaine qu’en altitude. Les 24 et 25 janvier, les températures maximales journalières au Nord des Alpes ont souvent atteint 13 à 16 °C. Dix sites avec de longues séries de mesures, répartis sur toutes les régions du pays, ont enregistré un record de chaleur pour un mois de janvier depuis le début des mesures. Par exemple, il a fait jusqu’à 15,1 °C à Neuchâtel le 25 janvier, du jamais vu en janvier à Neuchâtel depuis le début des mesures en 1864.
Le mois de février a débuté dans la douceur et aucune journée du mois n’a montré des températures inférieures à la norme (Figure 3). Au Sud des Alpes, il a fait jusqu’à 22,5 °C à Biasca le 4 février.
L’enneigement naturel devient quasi-absent en dessous de 1300 m. A Morgins (1320 m, site de mesure situé la plupart du temps à l’ombre) par exemple, avec 18 cm de neige au 16 février, il s’agit de l’épaisseur de neige la plus faible depuis 1993. A Grimentz (1560 cm), il ne reste plus que 5 cm de neige sur le champ de mesure et il faut remonter jusqu’en 1964 pour retrouver une valeur encore plus basse.
En revanche, le manteau neigeux résiste bien au-dessus de 1800 à 2000 m avec des valeurs proches de la normale, voire excédentaires en haute-montagne.
Un nouveau pic de douceur a été atteint le 15 février, en particulier en moyenne montagne avec par exemple une température maximale de 10,6 °C à la station du Moléson (1974 m). Ces prochains jours, les températures seront un peu moins élevées, mais resteront au-dessus des normales saisonnières avec des températures maximales d’au moins 10 °C en plaine. Rappelons que la moyenne des températures maximales en février est de l’ordre de 7 °C en plaine.
Les derniers jours du mois pourraient s’avérer plus frais, mais c’est un scénario qui reste à confirmer. Nous avons vu ces dernières semaines (voir blog du 4 février) que l’arrivée du froid est toujours repoussée à plus tard !
Au cours de cet hiver météorologique 2023-2024, de véritables conditions hivernales ne se sont établies que pendant une quinzaine de jours, au début du mois de décembre et vers la mi-janvier. Résultat des courses, les nombreuses journées douces ont largement compensé ces journées froides.
Ainsi, on se dirige vers un des hivers météorologiques les plus doux en Suisse depuis le début des mesures en 1864 avec un dépassement de la norme 1991-2020 de l’ordre de 2,5 °C. Seul l’hiver 2019-2020 a été aussi doux (Figure 4a). Au Sud des Alpes, il se pourrait même que cet hiver se montre le plus doux, comme à Lugano (Figure 4b).
Petit rappel : par convention, l’hiver météorologique regroupe les mois de décembre, janvier et février.