Après une accalmie en cette fin décembre, le courant d’ouest devrait nous amener à nouveau un temps plus humide pour le début du mois de janvier. La première semaine de 2024 devrait donc être plutôt douce avant un possible rafraîchissement la semaine suivante.
Après un début décembre hivernal avec de la neige jusqu’en plaine dans de nombreuses régions du pays, des conditions plus douces ont provoqué des pluies abondantes jusqu’à relativement haute altitude. Le résultat est que la neige est quasiment inexistante en dessous de 1500 m environ, ce qui ne ravit pas les stations de ski des Préalpes et du Jura. Cette situation pourrait-elle évoluer pour les deux premières semaines de janvier ? Voici les tendances.
La première semaine de 2024 devrait être marquée par le retour du courant d’ouest synonyme de pluie et de douceur. Un premier front modérément actif devrait nous toucher dimanche 31 décembre en deuxième partie de journée. La limite pluie-neige devrait être située vers 1300 m et pourrait s’abaisser vers 1000 m avec les précipitations. Il ne faut toutefois pas s’attendre à beaucoup plus que 5 à 10 cm de neige fraîche au-dessus de 1500 m et à un saupoudrage entre 1000 et 1500 m.
Un front plus actif pourrait nous toucher dans la journée de mardi 2 janvier avec des cumuls de précipitations qui sont pour l’instant prévus entre 20 et 40 mm sur une bonne partie de la Suisse romande. Cette perturbation serait suivie par d’autres zones humides qui pourraient encore apporter des précipitations mercredi et jeudi. La plupart des scénarios prévoient que ces précipitations se fassent dans de l’air doux. La limite pluie-neige devrait donc osciller entre 1200 et 2000 m au cours de ces 3 jours. Il ne faut donc pas espérer des cumuls de neige significatifs en dessous de 1500 à 1800 m.
Le courant d’ouest humide devrait ensuite se maintenir pour les derniers jours de la semaine dans de l’air un peu plus frais, mais l’incertitude est encore marquée à ce stade. La carte ci-dessous montre la situation moyenne prévue pour la semaine du 1er au 7 janvier (prévision faite le 27 décembre). Les contours noirs indiquent le niveau géopotentiel moyen sur toute la semaine, c’est-à-dire la pression vers 5500 m, ainsi que l’anomalie en couleurs, c’est-à-dire la différence par rapport à ce qui est observé en moyenne sur la même période de l’année. On peut voir que les pressions seront plus basses qu’en moyenne sur une grande partie de l’Europe et que le courant orienté à l’ouest nous amènera de l’air doux depuis l’Atlantique.
Pour la deuxième semaine de janvier, il n’est pas possible de rentrer dans les détails de la prévision, encore trop incertaine au-delà d’une semaine. Nous pouvons toutefois également nous intéresser à la situation moyenne modélisée sur toute la semaine. On peut voir sur la figure 4 ci-dessous que des pressions plus basses qu’en moyenne se maintiendraient sur l’Europe et qu’en parallèle des pressions plus élevées qu’en moyenne domineraient sur le nord de l’Atlantique, synonyme d’une petite dorsale. Le résultat serait un courant de nord-ouest relativement frais et humide sur la Suisse.
À la lecture de cette carte, on peut imaginer un retour à des conditions plus hivernales avec de la neige en basse montagne et pourquoi pas plus bas. Cependant, le risque avec ce genre de carte est de faire du "wishcasting", c’est-à-dire de perdre son objectivité d’analyse et de l’interpréter d’une manière biaisée par le souhait (du météorologue qui rédige ce blog) de voir le retour des conditions hivernales.
Il est important de ne pas oublier qu’il s’agit d’une moyenne sur une semaine calculée 10 jours à l’avance. Il est tout à fait possible que la prévision évolue et que nous nous retrouvions avec un scénario différent au final. Afin de garder son objectivité, il est utile de s’intéresser aux probabilités. Les deux cartes ci-dessous (figure 5) montrent la probabilité que la température moyenne sur la semaine du 8 au 14 janvier soit dans le tercile inférieur (carte de gauche) et dans le tercile supérieur (carte de droite) des températures observées habituellement à cette période de l’année. Cela montre donc les probabilités d’avoir une température moyenne au-dessous et au-dessus de la norme.
Pour la semaine du 8 au 14 janvier, la probabilité d’avoir une température moyenne au-dessous de la norme est d’environ 60 % en Suisse, alors que la probabilité d’être au-dessus de la norme est d’environ 15 %. La probabilité d’être proche de la norme est donc de 25 %. Donc même si le scénario le plus probable tend vers un temps plutôt frais ou froid, on ne peut pas exclure à ce stade un maintien de conditions douces pour la saison. À suivre…
Le modèle IFS du Centre européen de prévision ECMWF calcule une fois par jour les tendances à long terme pour les 6 prochaines semaines. Ces tendances sont calculées à partir de 101 membres (scénarios) différents et peuvent être consultées sur le site du ECMWF. Les cartes présentées dans cet article ont été calculées le 27 décembre.