Un front froid actif associé à un courant de sud-ouest humide a apporté d’importants cumuls de précipitations en Suisse hier, en particulier autour du Léman, en Bas-Valais et au Tessin. Les cumuls ont été plus importants que prévus, en particulier autour du Léman. Retour dans ce blog sur cet événement qui aura marqué ce début de semaine.
L’animation de la Figure 2 montre le passage du front froid qui s’étend du Danemark au sud de la France. À l’avant de ce front, une large bande nuageuse est visible en blanc sur l’image satellite et est associée à des précipitations (couleur bleue à orange) et même des orages (losanges jaunes). On voit également que les précipitations les plus intenses ont eu lieu dans les Alpes françaises et suisses. À l’arrière du front, de l’air plus sec est arrivé lundi soir donnant lieu à de belles éclaircies sur le Jura et l’arc lémanique. Sur l’animation de la Figure 2, on distingue également une zone d’orages qui se déplace depuis la région de Bordeaux. C’est cette zone qui a encore donné des orages dans la nuit de lundi à mardi autour du Léman.
Les cumuls de précipitations durant cet épisode ont atteint 40 à 60 mm autour du Léman et jusqu’à 73 mm dans le Bas-Valais. Les versants ouest des Dents du Midi ont été les plus touchés. En effet, ce massif présente des pentes raides qui s’opposent directement au flux de sud-ouest à ouest et donc intensifie les précipitations par effet de barrage (la masse d’air vient buter contre le massif, ce qui provoque un soulèvement supplémentaire et donc des précipitations amplifiées). Au Tessin, les cumuls ont dépassé les 100 mm à cause de forts orages imbriqués dans cette masse nuageuse.
Même si cet événement présentait d’un point de vue grande échelle les éléments pour avoir des précipitations aussi importantes (fort transport d’humidité et instabilité dans le front froid), il est toujours difficile de localiser les régions les plus touchées. Quand on regarde la Figure 2, on voit que l’échelle de ce système est bien plus grande que la Suisse et donc un petit décalage de la zone qui transporte le plus d’humidité peu faire de grandes différences au niveau de la Suisse.
La Figure 3 montre la prévision des cumuls de précipitations calculée dimanche à 12 UTC. Si on la compare avec la Figure 1, on voit que les cumuls ont été largement sous-estimés, en particulier dans les régions les plus touchées. Cela est en grande partie dû au fait que les modèles prévoyaient la zone la plus humide sur le Jura français. Un décalage de cette zone d’environ 50-100 km a fait que c’est surtout le bassin lémanique et le Bas-Valais qui ont été touchés en Suisse romande. À l’échelle de la Suisse, cela fait une grande différence, mais à l’échelle du système visible sur la Figure 2, un décalage de cet ordre n’est en fait que relativement faible. Cela montre à quel point une prévision locale est difficile quand on regarde l’échelle des systèmes météorologiques et la variabilité à l’intérieur même de ces systèmes. Cela représente une limitation des prévisions pour un lieu précis, tel que disponible sur notre App. C’est pourquoi, nous proposons également un bulletin météo pour complémenter les prévisions locales et régionaliser les faits les plus significatifs. Par exemple, le bulletin de dimanche à 9h30 précisait : « temps nuageux avec des averses ou orages parfois forts depuis l’ouest, plus fréquents en deuxième partie de journée. Cumuls de pluie localement importants du Jura aux Préalpes. » Un tel bulletin permet de faire ressortir que des forts cumuls de précipitations sont attendus sur une bonne partie de la Suisse romande. Cette information n’est pas donnée par une prévision locale dans le cas où la localité choisie serait en marge de la zone de précipitations la plus intense prévue par les modèles. En conclusion : nous conseillons de lire le bulletin météo en complément aux prévisions locales, de sorte à pouvoir avoir un aperçu général des éléments les plus significatifs de la journée.