Le coupable de cette situation bloquée sur l’Europe vous a été présenté dans le blog d’hier : il s’agit d’un bloc omega dont le centre est installé sur la région alpine. Ce bloc est associé à de hautes valeurs de pression à tous les niveaux.

Nos sondages lancés quotidiennement depuis Payerne depuis dimanche soir ont tous relevé une isotherme du 0 °C à plus de 5000 m d’altitude. Une telle séquence d’isotherme du 0 °C à plus de 5000 m n’a jamais été observée en Suisse, et les plus anciens météorologues ici ne se souviennent pas avoir vécu une série chaude en altitude si intense et si longue. Le top 8 des limites du 0 °C les plus hautes est depuis lundi en partie réécrit chaque jour.

Non seulement la masse d’air en présence est initialement chaude car elle provient du nord de l’Afrique, mais un facteur aggravant de nature dynamique s’y ajoute pour réchauffer encore un peu plus les tranches des moyennes altitudes : la subsidence. Cet effet de subsidence est un affaissement de la masse d’air à grande échelle qui s’accompagne, par compression de l’air, d’un réchauffement et d’un assèchement. Il a été ce mercredi très marqué entre 2000 et 4000 m. La comparaison entre les 2 derniers radiosondages lancés depuis Payerne (dans la nuit de mardi à mercredi puis ce mercredi midi) présentée sur le graphique ci-dessous en témoigne : entre 800 et 600 hPa, soit entre 2000 et 4000 m environ, l’air s’est nettement réchauffé durant la première partie de journée avec des prévisions de températures jusqu’à 13 °C vers 3000 m, remettant dangereusement en cause les records au Jungfraujoch.

Aujourd'hui, le thermomètre au Weissfluhjoch a affiché un maximum de 20,5 °C. Le précédent record pour le mois de septembre avait été atteint en 1983 avec 17,7 °C. Rien d'extraordinaire en comparaison avec les valeurs actuelles - pourrait-on penser. Il faut toutefois préciser que cette valeur est apparue le 27 septembre, c'est-à-dire vers la fin du mois. L'atmosphère est nettement moins chaude vers la fin septembre qu'au début du mois. La différence est en moyenne d'environ 3 °C. C'est pourquoi l'événement du 27 septembre 1983 doit également être qualifié d'extrême.
Un nouveau record de septembre a également été établi au Piz Corvatsch. La valeur maximale de 10,3 °C enregistrée hier y a été dépassée de 1,5 °C. Le record pour le mois de septembre avant l'année 2023 était d'ailleurs - comme hier - de 10,3 degrés et avait été établi le 18 septembre 2003.

Depuis plusieurs décennies, ces chaleurs en altitude deviennent de plus en plus fréquentes. Ainsi, le nombre de jours de fonte, au cours desquels la température reste positive toute la journée, augmente lui aussi au fil des années. Au Jungfraujoch par exemple, ce nombre de jours a doublé en moyenne entre 1961 et 2022 comme l’atteste le graphique ci-dessous. Non seulement les glaciers fondent plus rapidement, mais les risques associés en montagne sont eux aussi plus marqués, notamment les éboulements par dégel accéléré du permafrost.
