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La « grande pomme » sous l’eau

MétéoSuisse-Blog | 30 septembre 2023
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Comme vous avez peut-être pu le lire dans les médias, la ville de New York fait face à de terribles inondations. En cause, une dépression d’altitude couplée à un fort transport d’humidité depuis l’océan ont apporté les ingrédients nécessaires pour des précipitations diluviennes. Découvrez dans ce blog notre analyse de cette situation qui paralyse "The Big Apple" (en français, "la grande pomme"), surnom de la plus grande ville des États-Unis.

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Quels sont les ingrédients météorologiques responsables de cet événement ?

La combinaison d’un couloir dépressionnaire en altitude et d’un fort apport d’humidité océanique dans les basses couches a apporté les ingrédients météorologiques favorables à de fortes précipitations au sud de l’état de New-York et une partie du New Jersey et du Connecticut (voir la Figure 1 ci-dessous). La dépression en altitude conduit à une circulation cyclonique et à un soulèvement de la masse d’air en aval, tandis que le courant océanique doux apporte l’humidité nécessaire pour de fortes précipitations. C’est donc le phasage entre ces deux ingrédients qui a conduit à des conditions favorables pour de fortes précipitations. Les flèches représentant le vent vers 1500 m d’altitude (Figure 1) montrent d’ailleurs bien que la masse d’air dans les basses couches est d’origine océanique. Les couleurs, qui représentent l’eau précipitable, c’est-à-dire la quantité totale d’eau qui tomberait si toute la vapeur d’eau dans l’atmosphère condensait et précipitait à ce moment donné, montrent que cette masse d’air est très humide avec des valeurs d’eau précipitable de 40 mm (cela représente 40 litres par mètre carré si toute la vapeur d’eau tombait sous forme de précipitations).

Quels sont les cumuls de précipitations tombés?

La Figure 2 montre le cumul de précipitations totales sur 72 h entre le 27 et le 30 septembre. Sur la ville de New York, l’ouest de Long Island et une partie du Connecticut, il est tombé entre 130 et 200 mm. Le cumul le plus important a été mesuré à l’aéroport de JFK et s’élève à 200 mm en 24h. Cela représente le volume d’une baignoire déversé sur chaque mètre carré en une journée. Sachant que cette région est fortement urbanisée et donc que pratiquement toute cette eau se traduit en ruissellement, on peut bien imaginer les inondations résultantes.

Est-ce que ces cumuls sont exceptionnels ?

La Figure 3 représente le cumul de précipitations depuis le 1er septembre comparé à la moyenne climatique. Avec 330 mm (13 pouces), septembre 2023 représente le cumul le plus élevé jamais mesuré à l’aéroport de JFK avec un cumul record pour un mois de septembre de 200 mm le 29. Il est donc tombé pratiquement 3 fois la moyenne mensuelle (70 mm) en un jour ! On peut donc qualifier cet événement d’exceptionnel. Bien qu’il faudrait une étude plus poussée pour pouvoir attribuer directement cet événement au réchauffement climatique, ce qui sera peut-être fait par le groupe d’experts du World Weather Attribution, on peut déjà dire que ce genre d’événements sont amenés à arriver plus fréquemment avec le changement climatique, tel que le GIEC le précise dans son dernier rapport. Un facteur parmi d’autres est le fait qu’une masse d’air plus chaude peut contenir plus d’humidité et donc conduire à des précipitations plus fortes. Cela est en particulier vrai quand les océans, et donc l’air directement au-dessus, sont anormalement chauds.