Les personnes impliquées dans les prévisions météorologiques doivent tenir compte du fait que les plaintes concernant les erreurs de prévision font partie du jeu. Parfois fondées, parfois non, les critiques font partie de notre travail. Dans cet article, nous essayons de réfléchir à cette question.
« Vos prévisions changent tout le temps », « vous n'êtes plus ce que vous étiez », « vous ne savez même pas regarder par la fenêtre », « vous dites qu'il pleut alors qu'il fait beau », « vous dites qu'il fait beau alors qu'il pleut", « on ne peut plus vous faire confiance », « ce n’est pas assez précis » ! De telles déclarations arrivent dans la salle de prévision, souvent sous forme de commentaires sur nos blogs, parfois via le formulaire de contact disponible sur site internet, parfois même verbalement au téléphone, heureusement rarement sur un ton insultant.
Il est vrai que les prévisionnistes sont par nature confrontés à des erreurs dans leur travail. D’ailleurs, le mot prévision veut dire action de prévoir, ce qui ne garantit donc pas l’exactitude. Dans le cas des prévisions météorologiques, les erreurs peuvent aussi être importantes et, surtout, elles sont visibles par tous, chacun peut regarder par la fenêtre et juger de la qualité d'un bulletin météo ou d'une icône générée automatiquement par des algorithmes complexes.
Ceux qui nous suivent régulièrement savent que nous sommes les premiers à reconnaître nos erreurs. Notre travail est aussi fait de cela et c'est précisément des erreurs que nous essayons d'apprendre pour nous améliorer. Dans cet article, nous vous invitons à réfléchir sur ce thème, en espérant que vous n'avez pas déjà arrêté de le lire... et que vous avez peut-être déjà commenté à la fin.
Un bulletin météorologique est comme une liste de prix ; le dernier annule et remplace le précédent", a écrit un jour Achille Pennellatore, un célèbre météorologue ligure, dans son bulletin.
Commençons par-là : lorsque nous jugeons de la qualité d'une prévision météorologique, nous basons-nous sur la dernière disponible ou sur la dernière consultée ? Nous référons-nous à une prévision faite quelques jours plus tôt et jamais vérifiée dans les jours suivants ou à la plus récente ? Reconnaître qu'une prévision peut changer à l'approche du jour qui nous intéresse n'a certainement pas pour but de cacher ou de justifier d'éventuelles erreurs commises plus tôt, mais nous devons certainement garder à l'esprit que la prévision doit être consultée régulièrement parce qu'elle peut changer, et qu'il serait donc imprudent d'oublier de vérifier les mises à jour ultérieures et peut-être de se fâcher parce qu'une prévision datant de quelques jours s'est avérée erronée.
Où se situe la limite pour dire qu'une prévision est bonne ou mauvaise ? Si l'on se réfère à l'état du ciel, jusqu'à combien de nuages peut-il y avoir avant que l'on ne puisse plus parler d'une journée ensoleillée ou partiellement ensoleillée ? Dans le cas des précipitations, combien de gouttes sommes-nous prêts à tolérer avant d'interrompre nos activités de plein air ? En d'autres termes, combien de millimètres de pluie doivent tomber avant de gâcher la fête ? Tout dépend de l'usage que l'on veut faire des prévisions. Dans certains cas, quelques erreurs ne portent pas à conséquence, dans d'autres, elles peuvent être très graves. Chacun d'entre nous a des sensibilités différentes, et chacun d'entre nous perçoit probablement ces limites de manière subjective.
Sans parler de son propre jardin : si des orages violents sont annoncés mais que mon jardin reste sec ou presque, sommes-nous vraiment sûrs que les prévisions étaient erronées ? Si des orages accompagnés de grêle sont prévus et qu'une alerte a peut-être même été émise à ce sujet, mais que la grêle ne tombe pas sur ma voiture, est-il justifié de parler d'une prévision erronée ?
Quel type de prévisions consultons-nous ? Nous fions-nous à une seule icône pour notre commune qui résume le temps sur 24 heures, ou faisons-nous un effort supplémentaire en regardant les icônes qui décrivent la tendance météorologique tout au long de la journée ? Passons-nous quelques secondes à regarder les icônes ou prenons-nous quelques instants supplémentaires pour lire le bulletin météo et contextualiser les symboles que nous offre notre smartphone ? Peut-être même avons-nous des connaissances de base en météorologie ?
Et lorsque nous nous trompons, qui pouvons-nous blâmer ? Au modèle mathématique qui nous a donné une information erronée ou au système de prévision statistique qui ne l'a pas corrigée correctement ? Au prévisionniste de service qui n'a pas interprété correctement les données dont il disposait, ou à une communication qui n'a pas suffisamment mis l'accent sur l'incertitude de cette prévision délicate ?
L'atmosphère est un système très complexe et il est très difficile de prévoir en détail ce que fera le temps. La météorologie a fait de grands progrès au cours des dernières décennies, mais il reste encore beaucoup à faire. Les exigences des utilisateurs ne cessent de croître et, dans l'idéal, la précision des prévisions devrait les refléter. Y répondrons-nous un jour ? Ou continueront-elles à croître au fur et à mesure que la météorologie se développera ?
Dans les situations météorologiques les plus incertaines, les moins prévisibles, celles où le caractère du temps peut changer radicalement en un instant ou en quelques centaines de mètres comme aujourd’hui dimanche, nous n'atteindrons probablement jamais la précision que certains utilisateurs souhaiteraient.
Bref, les erreurs de prévision sont un problème complexe. Ce ne sont là que quelques réflexions sur le sujet, il y en aurait bien d'autres. Gardons-les à l'esprit la prochaine fois que nous consulterons une prévision météorologique et relisons-les peut-être, avant de nous précipiter dans une affirmation du type "les prévisions changent tout le temps ».
Nous sommes bien conscients qu'il y aura toujours des prévisions erronées à l'avenir, espérons-le de moins en moins nombreuses, et sommes toujours prêts à admettre nos erreurs.
Traduction et adaptation d’un article original en italien rédigé par nos collègues de MétéoSuisse Locarno.