

Le creusement de la tempête "Poly" a été rapide et exposif. Cette situation est particulièrement exceptionnelle à cette période de l'année. De telles cyclognèses explosives se développent d'ordinaire à la saison froide lorsque le contraste de température est maximum entre les régions polaires et tropicales.
Force est de constater que tous les ingrédients ont été présents ce 05 juillet 2023 pour permettre une cyclogenèse explosive.
(1) et (2) Un fort gradient de température dans la basse et haute troposphère et la constitution d'un front froid actif.
(3) Une dynamique d'altitude avec la formation d'un fort "tourbillon potentiel", repérable sur les images satellites "vapeur d'eau" par une intrusion d'air sec d'origine stratosphérique.
(4) De l'air instable à l'avant du front froid propice aux orages.

Depuis la tempête appelée "the Great storm" qui avait touché le Royaume-Uni le 15 et 16 octobre 1987, mais aussi "Lothar" en décembre 1999, de nombreuses études ont permis de mieux comprendre les multiples interactions entre la haute et la basse troposphère qui peuvent conduire à de telles tempêtes. Les images satellites de meilleures qualités et les modèles numériques de plus en plus fins ont permis de construire de nouveaux "modèles conceptuels".
Ces modèles montrent que des interactions « bien synchronisées » entre la haute (tourbillon potentiel) et basse troposphère (warm conveyor belt and cold conveyor belt) peuvent amplifier les mouvements ascendants et subsidents qui accompagnent une cyclogenèse extratropicale et in fine permettre son intensification.
Ces interactions peuvent régionalement amplifier des processus de condensation (convection et orage, fort dégagement de chaleur latente), ou au contraire localement exacerber des processus d’asséchement produisant par exemple de violents courants descendants (violentes rafales associées à un «sting jet»).

Le radiosondage de "Norderney" (Allemagne, île frisonne) montre un important renforcement du vent dans les basses couches entre le 05.07.2023 00UTC et 12hUTC, passant de 10 kt (18 km/h) à 60 kt (près de 120 km/h).
Une telle augmentation du vent pourrait être associée à un "sting jet". L'hypothèse a d'ailleurs été proposée par des météorologues le 04.07.2023 (Plateforme Estofex). Pour confirmer cette hypothèse il aurait fallu que les violentes rafales aient été au final associées à de l'air sec (processus d'évaporation créant de violents courants descendants), or dans le cas présent ces rafales se sont produites dans de l'air encore très humide.
Si l'hypothèse d'un "sting jet" s'éloigne, il est possible que ces violentes rafales soient liées au "Cold jet" situé à l'avant de la perturbation. L'étendue des zones à fortes rafales pourraient étayer cette hypothèse.
il est aussi probable que la convection orageuse (courants ascendants et descendants intenses) ait permis de faire plonger les forts vents d'altitude vers la basse troposphère.

