Certains mots ont le don de faire le vide autour d’eux, de faire détaler comme des lapins tous ceux qui les considèrent d’emblée et a priori comme incompréhensibles. Dans les sciences mathématiques, ces mots sont légions ; par exemple « physique », « équations », ou même « mathématiques » d’ailleurs. La terminologie statistique n’échappe pas à cette règle, et des mots comme « quantile », « médiane », « écart-type », etc… sont des repoussoirs avérés. D’ailleurs vous n’êtes peut-être déjà plus là !
Pourtant, quel élève de 10 ans n’a-t-il pas calculé lui-même sa « moyenne » pour se préparer psychologiquement à une éventuelle remontée de bretelles en remettant son bulletin à ses parents ? Eh bien, les autres termes recouvrent des concepts tout aussi simples. Ne nous laissons donc pas effrayer par le mot, passons outre et abordons l’idée.
Cela n’aura échappé à personne, l’expression des prévisions météo tend à abandonner le mode déterministe (il fera tel ou tel temps) au profit du mode probabiliste (la probabilité d’avoir tel ou tel temps est de tant). Cela se traduit dans les bulletins par des termes tels que « possible », « probable », « pas exclu » et dans les graphiques ou les cartes de prévision par des fourchettes de valeurs (comme dans la courbe des températures de notre application) ou par l’emploi de pourcentages (probabilité de dépasser certains seuils par exemple).
Quoi qu’on puisse en penser, cette évolution n’a pas pour but de noyer le poisson ou d’affranchir les météorologues de toute responsabilité vis-à-vis des utilisateurs, mais elle correspond simplement à une réalité : les conditions atmosphériques initiales ne pouvant pas être connues avec exactitude, les conditions futures (la prévision) ne le peuvent pas non plus. Il existe toujours plusieurs variantes, plus ou moins probables. Les prévisions d’ensemble permettent de visualiser ces variantes sous la forme de membres, et de les classer pour évaluer leur probabilité. Ce classement utilise des termes comme « moyenne », « médiane », « écart-type » ou encore « quantiles » qu’il est nécessaire de maîtriser pour comprendre la prévision. Ce sont ces termes que nous nous proposons d’expliquer.
Définition des termes
Plusieurs fois par jour, le modèle IFS fait 51 prévisions à 10 jours en partant de la même heure, mais en changeant légèrement les conditions initiales ; ces 51 prévisions s’appellent des membres.
Prenons au hasard la commune de Crissier et les prévisions de précipitations en 24h pour un jour donné. Admettons maintenant que la répartition des précipitations pour Crissier selon les différents membres soit celle ci-dessous (elle est un peu idéalisée pour faciliter la compréhension) :