Depuis plusieurs semaines, un bras de fer sans merci se livre à nos portes entre l’anticyclone des Açores, en embuscade sur l’Atlantique, et un vaste couloir dépressionnaire s’étirant de l’Islande à la Tunisie, pourvoyeur de nombreuses gouttes froides et synonyme de temps frais et instable. L’article de ce jour évalue les chances des deux protagonistes de s’imposer en Suisse d’ici la fin du mois.
Le constat n’est pas d’aujourd’hui, l’être humain à la mémoire courte ! Après avoir gémi il n’y a pas si longtemps sous les coups de boutoir de sécheresses à répétition et de chaleur indue, d’aucuns (ce n’est pas la majorité il est vrai) commencent à trouver le temps maussade et la fraîcheur ambiante un peu trop insistants. Après tout, en mai on aime bien faire ce qui nous plaît, et pour commencer ressortir les habits d’été des placards !
Or les amateurs de temps estival au long cours pourraient bien avoir à ronger leur frein encore un petit moment. C’est en tous les cas ce qui ressort des prévisions du ECMWF (Europen Centre for Medium Range Weather Forecast), le centre européen de prévision à moyenne échéance. Si l’on considère le modèle déterministe calculé ce dimanche matin et dont l’animation figure ci-dessous, on se rend compte que l’anticyclone ne devrait – à court terme – pas s’imposer durablement sur l’Europe occidentale, malgré une audacieuse tentative d’encerclement entre jeudi et dimanche prochain.
Evidemment, la prévision déterministe du modèle n’est qu’une version parmi les 51 que compte la prévision d’ensembles sur laquelle sont basées les probabilités, dont vous êtes familiers si vous êtes un fidèle lecteur de ce blog. Or que disent les probabilités ? A peu près la même chose.
Les deux cartes ci-dessous nous montrent par exemple les pressions moyennes prévues pour les 22 et 24 mai à 00 UTC. Deux centres anticycloniques sont centrés respectivement sur l’Atlantique et la Russie et un couloir dépressionnaire s’étire toujours de l’Islande à l’Italie.
On retrouve cette signature dans la prévision hebdomadaire pour la semaine à venir, avec un temps plus chaud et plus sec que la climatologie du modèle dans les zones soumises aux deux anticyclones et un temps plus frais avec des précipitations normales ou supérieures à la climatologie du modèle en Europe occidentale.
Ceux qui seraient tentés se désoler de cette situation seront sans doute mal inspirés, tant il est vrai que par les temps qui courent, fraîcheur et pluie sont toujours un investissement pour l’avenir. Si l’on tente une perspective à plus long terme avec la prévision hebdomadaire, on remarque que le signal de fraîcheur disparait progressivement au profit de la chaleur d’ici à début juin alors que la perspective d’un temps plus sec que la norme se raffermit, sans être excessive il est vrai.
Il ressort de ce qui précède que la semaine à venir sera encore fraîche et probablement maussade, en tous les cas jusqu’à mercredi. Par la suite, les températures devraient progressivement remonter d’ici à début juin, sans que les précipitations fassent pour autant défaut, en tous les cas dans un premier temps.
Ceci dit, l’amère défaite de l’anticyclone dans son bras de fer actuel n’est sans doute que provisoire et l’été sera long ; il faut donc l’accueillir comme un cadeau supplémentaire en ce jour de la Mère des fêtes : la fête des mères.
Joyeuses fêtes à toutes les mamans, en particulier à celle de l’auteur de ces modestes lignes !