Un anticyclone s’installe sur le nord de l’Europe et entraîne sur son flanc sud de l’air continental polaire vers nos régions. Le ciel devrait s’éclaircir, notamment dans les Alpes, ce qui favorisera la baisse des températures durant la nuit et ainsi provoquera de nombreuses gelées en plaine.
Le gel sera donc souvent marqué ces prochains jours en Suisse romande. Les températures à l’aube à 2 mètres seront voisines de -1° en plaine, soit entre -4 et -6° au niveau du sol. Dans un premier temps, certaines régions du Plateau, et notamment le Bassin lémanique, pourraient être localement épargnées grâce à la bise qui devrait souffler jusqu’à mardi soir. Un avertissement pour un gel marqué a donc été émis par MétéoSuisse pour toutes les régions de plaine de Suisse romande pour mardi matin.
De telles gelées ne sont pas rares au début du mois d’avril et devraient pouvoir être combattues avec des moyens relativement simples mais efficaces.
Mon professeur de météorologie agricole à l’ETHZ, Dr Bernard Primault disait que le premier moyen de lutte contre le gel était d’éviter de mettre des espèces sensibles au gel dans les endroits exposés. C’est pour cette raison que la plupart des vergers d’abricotiers en Valais se situent sur les coteaux et non pas dans la plaine. En effet, lors de nuits claires, un lac d’air froid de quelques dizaines de mètres se forme au-dessus de la plaine et les températures y sont quelques degrés plus froides que sur les pentes environnantes.
L’aspersion est également un moyen de lutte efficace contre le gel quand il n’est pas trop fort. Elle est utilisée principalement sur les arbres fruitiers et sur certaines cultures proches du sol. Contrairement aux croyances populaires, ce ne sont pas les qualités isolantes de la glace qui entrent en jeu mais la particularité de l’eau (H2O) lorsqu’elle gèle. Celle-ci dégage de la chaleur lors du changement de phase de l’état liquide à l’état solide. Un gramme d’eau en se congelant produit 333 J ou 80 cal. Une grande partie de cette énergie est dispersée dans l’atmosphère mais ce qui reste suffit à conserver l’organe végétal à une température d’environ 0° et le maintient donc à une température supportable. Cependant, pour que ce processus perdure tout au long d’une nuit de gel, il faut que l’apport d’eau liquide soit permanent, la température de 0° n’étant maintenue que si de la glace se forme.
Un autre moyen de lutte est la chaufferette ou la bougie. En effet, certains arbres fruitiers sont plus fragiles et risquent de se casser sous le poids de la glace. On utilise alors des bougies qui sont réparties près des arbres dans le verger. Il serait utopique de croire que les bougies ont le pouvoir de réchauffer l’air environnant. Cependant elles offrent un contre-rayonnement au rayonnement émis par l’organe végétal et l’empêche ainsi de se refroidir trop fortement.
Pour les cultures au niveau du sol, le simple fait de les garder couvertes durant la période du gel printanier (film plastique, tunnel) est un moyen efficace de lutte. Si le lac d’air froid est très mince, il est aussi possible de brasser l’air à l’aide d’hélices pour mélanger l’air froid à proximité du sol et l’air plus doux au-dessus de l’inversion.
Des températures négatives au niveau du sol ne sont pas rares au début du mois d’avril. En moyenne, nous avons entre un et deux gels marqués (température à 5 cm du sol inférieure à -4°) par an entre le 1er et le 15 avril. Ces gels peuvent être alors plus ou moins dangereux en fonction de l’état d’avancement de la végétation. Ces dernières années, trois gels importants ont marqué les agriculteurs, vignerons et maraîchers de notre pays, soit le 7 avril 2015, le 20 avril 2017 et le 7 avril 2021.