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Vent fort et force du vent - soyons clairs
La bise qui s'est déchaînée ce dimanche était proche des records. Petit bilan des forces mesurées et coup d'oeil sur la terminologie consacrée à la force du vent.
Météo
La bise qui s'est déchaînée ce dimanche était proche des records. Petit bilan des forces mesurées et coup d'oeil sur la terminologie consacrée à la force du vent.
Entre un anticyclone centré sur l'Ecosse et une dépression sur la Méditerranée occidentale, la différence de pression s'est renforcée samedi sur l'Europe centrale. Une situation de bise s'est ainsi installée au nord des Alpes. La bise s'est intensifiée dans le courant de la soirée de samedi et a atteint son point culminant dimanche soir en Suisse romande. Dans la nuit de dimanche à lundi, la dépression tempétueuse Juliette (entre-temps reclassée et nommée) a progressivement déplacé son centre du golfe de Gênes vers les Baléares. Le gradient de pression a ainsi diminué et la bise s'est peu à peu atténuée dans le courant de la journée de lundi.
Un contraste de pression marqué, avec près de 9 hPa entre Bâle et Genève, a déclenché une tempête de bise exceptionnellement forte, surtout dans les parties occidentales du pays. En plusieurs endroits, des vitesses de vent record ont été mesurées pour des situations de bise. Les stations météorologiques de MétéoSuisse ont enregistré les valeurs les plus élevées depuis 1981 avec 102.6 km/h à Mathod sur la rive sud-ouest du lac de Neuchâtel, 100.8 km/h à St-Prex sur le lac Léman et 98.6 km/h à Genève-Cointrin. Dans la nuit de dimanche à lundi et dans la matinée, la bise a continué à souffler fortement, surtout dans l'ouest, avec des pointes de rafales de 50 à 90 km/h maximum, mais elle a continué à s'affaiblir en cours de journée. Ce mardi, le courant de bise s'atténue encore et ne souffle plus que de manière faible à modérée.
Il est difficile de comparer les vitesses de vent datant d'avant 1981. Cette année-là, nous avons entièrement renouvelé notre réseau de mesure et la manière de mesurer est difficilement comparable. A partir de 1981, nous effectuons des relevés toutes les 10 minutes, permettant de mesurer le vent en continu, déduisant des moyennes horaires, des rafales maximales, etc. Nous estimons néanmoins que les épisodes de bise du 3 février 1956, du 25 avril 1972 et du 6 février 1974 ont dû également montrer des rafales proches de 100 à 110 km/h à Genève. La période de retour de rafales de l'ordre de 100 km/h à Genève est de 15 à 25 ans.
Le graphique ci-dessous est intéressant dans ce contexte. Il montre le nombre d'heures de bise à la station de mesure de Genève pour le semestre d'hiver depuis 1981. On constate une tendance à l'augmentation dans les années 2010, qui correspond à une période où les situations perturbées de vents d'ouest étaient moins fréquentes.
Samedi matin, MétéoSuisse a émis des alertes de vent fort à tempétueux pour l'événement de dimanche à lundi : dans la région lémanique, dans l'ouest du Jura et sur le Plateau adjacent, vent tempétueux avec des rafales entre 80 et 100 km/h, 120 à 150 km/h au-dessus du Jura (avertissement de niveau 3). Pour les autres régions, l'alerte était de 70 à 90 km/h en plaine et de 80 à 100 km/h en altitude (niveau 2).
L'alerte était donc pertinente et la période d'alerte bien délimitée, d'autant plus qu'un préavis avait déjà été émis au préalable et que la sensibilisation à l'événement imminent avait été faite en temps utile.
Les prévisions des différents modèles indiquaient également très tôt et de manière assez stable l'arrivée de la tempête de bise et avaient bien cerné l'événement, notamment sa chronologie.
La bise inhabituellement forte a provoqué des dommages aux bâtiments et aux infrastructures, ainsi que de nombreuses chutes d'arbres ou d'objets. Sur les lacs du Plateau, les véliplanchistes et les kitesurfeurs expérimentés ont pu profiter pleinement de la bise forte à tempétueuse.
Dans le contexte de cette situation météorologique venteuse, nous abordons ici le thème de la classification et de la terminologie des forces du vent.
La vitesse du vent est généralement mesurée à l'aide d'anémomètres et peut ensuite être indiquée en km/h ou m/s ou kt (nœuds). Dans nos bulletins, le vent est mentionné avec sa direction principale (d'où il souffle) et sa force moyenne.
Ci-dessous, un tableau récapitulatif des termes utilisés dans nos bulletins, distinguant le vent en plaine et le vent en montagne.
Si l'on ne dispose pas d'un anémomètre, il est également possible d'estimer la vitesse du vent en observant ses effets sur la nature. Le service météorologique britannique a conçu à cet effet en 1906 l'échelle de Beaufort à 13 niveaux, qui permet également d'exprimer la force du vent. L'échelle de Beaufort se réfère à la vitesse moyenne du vent. Elle existe pour les effets sur les terres et pour les effets en mer.
La tempête de bise de dimanche en Suisse romande serait donc qualifiée de "coups de vent, vent tempétueux", avec des effets à terre tels que "quelques branches cassent. La marche contre le vent est difficile". Localement, il a également eu des effets plus importants tels que des arbres renversés ou des dégâts mineurs aux maisons.
Par ailleurs, on remarque sur l'échelle de Beaufort que les intervalles de vitesse des différentes forces de vent ne sont pas égaux. Cela s'explique par des raisons historiques : A l'origine, on cherchait à fournir à la navigation croissante des informations sur les routes commerciales favorables. Ce n'est qu'en second lieu que l'on s'intéressait aux vitesses du vent à terre. Mais dans les deux cas, on voulait déterminer la force du vent par le biais de ses effets. Cette approche explique non seulement les différents intervalles, mais aussi pourquoi le niveau le plus élevé de l'échelle est ouvert vers le haut. La question s'est posée de savoir s'il était judicieux d'augmenter les dévastations observées sur terre à partir d'environ 120 km/h et comment les définir. D'autre part, à cette époque, rares étaient les capitaines qui pouvaient faire part de leur expérience en matière de tempêtes de force 12 - en effet, lors de telles tempêtes, les navires ont souvent tout simplement coulé.