Contenu

Situation anticyclonique bloquante

MétéoSuisse-Blog | 03 février 2023
16 Commentaire(s)

Durant ces 10 à 15 prochains jours au moins, nous resterons sous l’influence de pressions atmosphériques particulièrement élevées occasionnées par la présence d’un régime anticyclonique bloquant. De quoi s’agit-il, comment reconnaître ces situations et combien de temps cela risque de perdurer ? Ce blog tentera de répondre à ces questions.

  • Météo

Pied de page

Navigation top bar

Toutes les autorités fédéralesToutes les autorités fédérales

Les deux régimes principaux d’anticyclones bloquants

Dans les courants d’ouest qui prédominent sous nos latitudes moyennes, il arrive parfois que le courant d’altitude se cambre plus que d’habitude et épouse une configuration méridionale à l’extrême connue sous le nom de situation bloquante. Dans ce genre de situation, la configuration jet tend à se figer et à rester bloquée sur place au lieu de favoriser des ondes le long de son flux qui se décalent d’ouest en est. Le résultat « qui en découle », si nous pouvons nous exprimer ainsi, c’est que le type de temps à tendance à que très peu ou pas évoluer avec des conditions météorologiques semblables qui peuvent parfois durer des semaines.

Il existe deux types principaux de situations bloquantes, le bloc Omega et le bloc diffluent. Lors d’une situation dictée par un blog Omega, le courant jet tend à épouser une forme qui rappelle la lettre grecque « Omega », d'où son nom. Alors règne sous sa partie centrale une ample et puissante dorsale avec un temps sec, ensoleillé et relativement doux en altitude, tandis que sous les couloirs dépressionnaires de chaque côté de la dorsale persiste une météo souvent perturbée, froide, humide et plus nuageuse. La deuxième variante s’appelle le bloc diffluent et est semblable sauf qu’au lieu d’avoir des couloirs dépressionnaires de chaque côté de la dorsale, il existe une seule dépression d’altitude fermée (qui est coupée du flux, dite de "goutte froide") sous la dorsale.

Typiquement, ces blocs scindent le courant jet en deux parties, une partie qui contourne le bloc par le nord et l’autre qui le contourne par le sud. On parle alors souvent d’une branche nord et d’une branche sud du jet caractérisé par un flux scindé (Split flow). Les « split flows » peuvent ensuite interagir en aval du flux du bloc en question et occasionner parfois des situations météorologiques très actives en raison du rapprochement soudain de masses d’airs de températures très différentes. En effet, dans de telles situations, la branche nord du jet (parfois référencé en tant que jet polaire) est susceptible de faire descendre de l’air polaire ou arctique depuis les latitudes septentrionales alors que la branche sud (parfois référencé en tant que jet subtropical) peut faire affluer de l’air tropical et humide depuis les régions méridionales. Cette violente collision entre les masses d’airs peut alors engendrer des dépressions très creuses et très actives le long d’un front polaire particulièrement marqué.

Notons que si en hiver la météo sous ces dorsales bloquantes est souvent caractérisée par un temps radieux en montagne et gris en plaine sous l’emprise d’un lac d’air froid, elle peut en saison estivale être synonyme de vague de chaleur particulièrement intense et durable.

Un mécanisme d’auto-entretien

Une autre caractéristique des blocs Omega et des blocs diffluents est qu’ils ont souvent tendance à s’auto-entretenir, puisque la dorsale centrale est le plus souvent alimentée en continu par de l’air chaud de secteur sud-ouest à l’avant de la dépression en amont. Cette advection d’air chaud renforce la dorsale. Le contraire se produit avec les dépressions de chaque côté d’un bloc Omega qui sont très souvent alimentées en air froid par un flux de nord à nord-ouest persistant. Cette advection d’air froid les renforce également.  Cela explique en grande partie la longévité de ces configurations dites « bloquantes ».

Perspectives ces prochains jours

La persistance de cette situation anticyclonique bloquante semble assez certaine jusqu’en milieu du mois de février au moins. Hormis une météo assez nuageuse ce week-end en marge d’une perturbation touchant surtout la Suisse alémanique et l’Autriche, les pressions atteindront des valeurs très élevées, souvent au-dessus de 1035 hPa, voire s’approchant des 1040 hPa, notamment mardi prochain 7 février. Pour la deuxième moitié de février, l’incertitude demeure quant à la persistance de cette situation bloquante de hautes pressions, mais les premiers indices semblent vouloir la faire perdurer encore un moment.