Par réchauffement soudain de la stratosphère, on entend un réchauffement marqué à une altitude de 10 à 50 km dans l'atmosphère. Plusieurs vagues de froid survenues en Europe centrale ces dernières années sont associées à un réchauffement soudain de cette couche.
Au cours du semestre d'hiver boréal (hiver dans l'hémisphère nord), le refroidissement lié à la réduction du rayonnement solaire dans la région arctique entraîne la formation d'une vaste poche d'air froid au-dessus du Pôle Nord. Cette zone est ceinturée par des vents d'ouest forts qui consistuent le jet de la nuit polaire, l'ensemble portant le nom de vortex polaire. Plus les vents sont forts, plus l'air à l'intérieur du vortex est isolé des latitudes plus chaudes et plus il est et reste froid (configuration stable à gauche dans le graphique ci-dessous).
Certaines années, les vents du vortex polaire peuvent s'affaiblir voire même s'inverser. L'air froid descend alors rapidement dans le vortex polaire, ce qui peut entraîner une hausse rapide de la température (jusqu'à 50 degrés en quelques jours) dans la stratosphère. Lorsque l'air froid de la stratosphère se propage dans la troposphère sous-jacente, il peut influencer la forme du jet-stream polaire (côté droit dans le graphique ci-dessous).
Ce vortex semble bien loin de nos régions, et pourtant, il n'en a pas moins une influence sur le temps qu'il fait chez nous. Le réchauffement soudain de la stratosphère peut affaiblir le courant-jet du front polaire (le fameux "jet stream") et le faire onduler, c'est-à-dire qu'il a tendance à former des vagues, favorisant ainsi la formation de systèmes bloquants, de haute ou de basse pression, qui se heurent au flux qui ne s'écoule dès lors plus aussi bien d'ouest en est. Ces systèmes se forment de préférence au-dessus de l'Atlantique Nord et de la Scandinavie. Dans ce cas, la Suisse se trouve à la limite sud de ces zones, dans un flux d'air polaire arctique en provenance du nord, ce qui provoque chez nous un temps hivernal froid.
L'hiver météorologique se termine fin février et laisse la place au printemps dès le 1er mars. Alors que l'enneigement actuel est particulièrement déficitaire, peut-on espérer de la neige fraîche d'ici la fin de l'hiver?
La désorganisation en cours du vortex polaire ne se répercute généralement pas immédiatement sur les basses couches de l'atmosphère dans lesquelles se produisent les phénomènes météorologiques qui influencent le temps chez nous. Il reste donc pour l'heure difficile d'anticiper la direction des changements à venir, dont la palette est large pour le mois de mars.
Les projections pour la fin du mois de février donnent un net changement de régime aux environs des 22-24 février, avec un affaiblissement des hautes pressions sur l'Europe de l'ouest au profit de systèmes dépressionnaires, avec à la clé des précipitations. A préciser ces prochains jours...