Contenu

Réunion de famille

MétéoSuisse-Blog | 29 août 2022
34 Commentaire(s)

Je ne sais pas vous, mais nous nous profitons du mois de septembre pour nous retrouver tous ensemble en une grande réunion de famille. Quand je dis "nous", c'est la grande famille des nuages que j'aimerais vous présenter. A la fin, il y aura une petite devinette pour vous...

  • Météo

Pied de page

Navigation top bar

Toutes les autorités fédéralesToutes les autorités fédérales

Le mois de septembre qui va s’ouvrir prochainement est le seul mois de l’année où tous les membres de notre grande famille peuvent se croiser ; on a bien rigolé pendant l’été, les affaires reprennent et on en profite pour se faire un petit coucou. Même ceux qui sont fâchés depuis toujours, comme le cumulonimbus et le stratus par exemple, acceptent de se côtoyer brièvement. Bon la réconciliation reste généralement très précaire et provisoire, j’en conviens…

Il paraît que vous, dans le monde d’en bas, vous détestez qu’on vous colle une étiquette sur le front ; vous voulez tous être « uniques », quitte à vous forcer et à en rajouter un peu parfois. Nous c’est l’inverse ! On adore ça les étiquettes, à tel point que nous nous sommes classés en fonction de seulement deux critères : l’altitude et le mode de formation.

Pour l’altitude, c’est très facile ! On distingue trois étages : bas, moyen et haut. Les nuages qui habitent à l’attique ont intégré dans leur nom le mot « cirro » tiré du principal représentant de leur étage, le cirrus. Pour ceux de l’étage moyen, on leur accole le préfixe « alto », assez mal nommée du reste puisque ce ne sont justement pas les plus élevés. Comme vous voyez, la logique n’est pas toujours respectée chez nous non plus… Quant aux nuages de « bas étage », c’est encore plus simple : ils n’ont aucun préfixe !

Le deuxième critère, le mode de formation, est un peu plus complexe ; on distingue deux cas de figure :

  1. Les nuages de type « stratus », ainsi nommés parce qu’ils se présentent en strates, c’est-à-dire en couches. Ils se forment dans une atmosphère apaisée (en météo on dit « stable), ou chaque couche d’air est satisfaite de la place qu’elle occupe : l’air froid en bas, l’air chaud en haut. Ce sont un peu les gentils de la famille, les mous… diraient certains. Une chose est sûre, ils ne sont pas très ambitieux, ce qui ne les empêche pas d’être parfois très beaux. On les rencontre essentiellement en automne et en hiver.
  1. Les nuages de type « cumulus », signifiant « amas, amoncellement ». Eux, ce sont un peu les troublions de la famille. Ils se développent dans une atmosphère où règne l’insatisfaction et la grogne (en météo on dit « instable ») ; chacun voudrait prendre la place de l’autre. L’air chaud, frustré et relégué dans les basses couches de l’atmosphère ne l’entend pas de cette oreille et dispute sa place à l’air plus froid situé en altitude.

Sur la base de ces deux critères, on peut déjà classer l’essentiel des membres de la famille :

Mon préféré, dans cette vaste famille, c’est l’altocumulus. Regardez comme il est beau ! Avec lui, « tout n’est qu’ordre et beauté, luxe calme et volupté » comme disait Baudelaire :

Comme dans toutes les familles, il y a aussi chez nous les petits malins qui essaient de manger à tous les râteliers, ou les indécis qui, même après des millénaires balancent toujours entre deux catégories. Dans le premier groupe, on trouve notamment le Cumulonimbus, orgueilleux en diable, et qui n’entend pas rester confiner à un seul étage. Il les traverse donc tous, commençant sa croissance au bas de l’échelle, et étalant sa chevelure à plus de 10'000 m d’altitude. Chez les indécis, on trouve par exemple le « stratocumulus », dont la couche stable se trouve malmenée et parcourue de courants ascendants générés par la bise ou par le réchauffement diurne ; cela se traduit le plus souvent par des trouées dans son manteau ; mais bon, il n’est pas spécialement coquet !

Si l’essentiel de la classification des membres de ma famille est réalisé à l’aide de ces deux critères – l’étage et l’ambiance – tout cela est un peu réducteur et ne rend pas justice à la variété ni à l’imagination de mes pairs. Du coup, nous avons adopté un peu la même tactique que vous lorsque deux personnes ont le même nom, on leur donne un surnom. Celui-ci peut être basé sur plusieurs choses différentes ; par exemple l’activité : un stratus qui donne de la pluie sera appelé un « nimbostratus », nimbus voulant dire « pluie, averses » en latin ; de même, le cumulonimbus est littéralement un cumulus qui donne de la pluie. Le surnom pourra aussi être basé sur la capacité du nuage à laisser passer la lumière : par exemple « altostratus opacus » pour les réfractaires, et « altostratus translucidus » pour ceux qui y mettent un peu de bonne volonté :

Mais la plupart du temps, c’est la forme que l’on utilise pour distinguer les cousins. Ainsi les célèbres soucoupes volantes qui se promènent au-dessus des Alpes lorsque souffle le foehn se nomment-elles « altocumulus lenticularis » ; elles sont assez mal nommées à vrai dire, car elles se forment dans des atmosphères stratifiées, et elles devraient plutôt s’appeler « altostratus lenticularis » ; mais bon, ça n’engage que moi. Surtout ne dites à personne que je remets en question l’ordre établi, je nierai !

Et maintenant la devinette : qui suis-je ?

J’habite à l’étage moyen dans un immeuble où l’ambiance n’est pas terrible ; pour être tout à fait franc, ça sent méchamment l’orage ! J’apparais le plus souvent tôt le matin, plus rarement le soir, puis je m’éclipse, sentant que les choses vont dégénérer au fil des heures. J’annonce tellement la bagarre d’ailleurs, qu’on m’a donné un surnom de conte de fées ; il ne manque que les chevaliers. Bon, là je vous aide un peu trop et ça risque d’être l’école des fans.

Il n’y a rien à gagner évidemment, hormis le titre de fidèle lecteur du blog de nos amis de MétéoSuisse, ne serait-ce que parce que vous êtes arrivés jusqu’ici.

Bon mois de septembre ! N’oubliez pas de lever les yeux au ciel. Avec un peu de patience, gageons que vous nous apercevrez tous !

Réponse

Je le savais, je n'aurais pas dû parler des chevaliers. J'ai été démasqué dare-dare en quelques commentaires ! Je suis en effet l'altocumulus castellanus, précurseur des orages. Si vous me voyez au levez du jour, c'est que l'atmosphère est tellement instable à moyenne altitude que la convection se met en place spontanément. Dès lors, vous pouvez être presque sûrs que les orages ne sauraient tarder.

A bon entendeur...!