Pendant longtemps, nous avons été comme *ma soeur Anne*, ne voyant rien venir sur le front des précipitations. L'article du jour se propose de jeter à nouveau un coup d'oeil dans la lunette d'approche pour tenter d'apercevoir quelques pluies à l'horizon... sans promesse aucune, il va sans dire !
La première question qu'il faut se poser est la suivante : quelles sont les conditions qui doivent être remplies pour qu'il pleuve ? Ces conditions sont au nombre de deux :
1. la masse d'air doit être "suffisamment" chargée d'humidité
2. elle doit se mettre en ascendance pour se refroidir et condenser l'humidité à disposition.
La première condition est généralement remplie lorsque la masse d'air en question provient de l'un ou l'autre des deux principaux réservoirs d'humidité dont dispose l'arc alpin : l'océan Atlantique et la mer Méditerranée. Quant à la seconde condition, elle est remplie dans des environnements dynamiques associés à des limites de masse d'air (fronts actifs) ou lorsque l'instabilité est suffisante pour permettre des ascendances spontanées, moyennant un petit coup de pouce initial (situations convectives).
Autant le dire tout de suite, la semaine qui s'ouvre ce lundi ne remplira aucune de ces conditions, la masse d'air étant d'origine continentale et très stable. Nous n'allons donc pas nous y intéresser et passer immédiatement à la suivante ; or la suivante, la voici :
Dans cette situation, une dépression centrée sur la France envoie vers les Alpes de l'air Méditerranéen humide et instable. On devine en outre au voisinage de l'Irlande un couloir dépressionnaire associé à un puissant jet, ne demandant pas mieux que de plonger vers le sud pour prendre le relai, comme illustré ci-dessous :
Une telle situation - si elle se réalise - remplirait les deux conditions précitées, garantissant un afflux d'air humide et instable vers la Suisse, voire même associé à un front orageux assez vigoureux. Toute la question est de savoir maintenant si elle se réalisera. Pour nous faire une petite idée, jetons un coup d'oeil aux différents membres de la prévision d'ensemble illustrant la répartition des pressions, et rassemblés sur une carte appelée "spaghetti-plot", nous vous laissons deviner pourquoi.
On voit sur cette carte, un peu confuse au premier abord, que la plupart des membres ainsi que le run haute résolution à maille plus fine sont assez unanimes pour prévoir la création d'un couloir dépressionnaire au voisinage de la façade atlantique. La lecture de cette carte étant souvent assez ardue, on lui préfère généralement la suivante, montrant la moyenne de tous ces membres ainsi que la dispersion (c'est-à-dire l'incertitude) sous forme de plages de couleur.
D'une manière générale, on peut dire sur la base de cette carte que les perspectives de voir se former un couloir dépressionnaire avec advection d'air humide et instable vers la Suisse sont plausibles. Dans une telle situation, la probabilité de pluie dans notre pays est bien réelle, comme on peut le constater avec les cartes ci-dessous, seuillées à 1 mm/24h, pour les journées de lundi à mercredi.
Le météogramme des prévisions d'ensemble pour la station de Payerne reflète ce signal. Jusqu'à mercredi 10 août, le signal de précipitations est nul ; entre le 11 et le 13, seules les membres les plus "optimistes" (les plus extrêmes) prévoient quelques pluies ; entre le 14 et le 18, la moitié des membres ou plus prévoient des précipitations (nous vous renvoyons au blog du 3 septembre 2020 pour la terminologie statistique utilisée).
Entre dimanche et lundi prochain, les perspectives de voir le courant principal basculer au sud-ouest à l'avant d'un couloir dépressionnaire sont bien présentes. Une telle situation serait favorable à une advection vers la Suisse d'air humide et instable porteur de précipitations, probablement orageuses. Plus de la moitié des membres de la prévision d'ensemble de ce lundi vont dans ce sens, permettant d'envisager ce scénario avec une confiance relative. Articuler un chiffre de cumuls serait prématuré à ce stade, compte tenu d'une part du caractère aléatoire des précipitations orageuses, et d'autre part de l'éloignement de cette échéance.
Comme on vous l'avait dit, on ne promet rien...