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Joyeux (redoux de) Noël !
MétéoSuisse-Blog | 25 décembre 2022
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En ce jour de Noël marqué par la douceur, nous nous penchons sur le "redoux de Noël". Fait-il réellement (presque) toujours doux à Noël ou est-ce que nous nous souvenons seulement des quelques derniers hivers qui ont été doux ? Les mesures de température aux stations nous apportent quelques éléments de réponse.

Soleil en haut et stratus en bas au menu de ce dimanche de Noël. Cette photo prise à Trub dans l’Emmental (BE) donne plutôt une impression automnale. Pour trouver de la neige, il faut se rendre souvent à plus de 1700 m.
Soleil en haut et stratus en bas au menu de ce dimanche de Noël. Cette photo prise à Trub dans l’Emmental (BE) donne plutôt une impression automnale. Pour trouver de la neige, il faut se rendre souvent à plus de 1700 m. Photo : "Observations Météo" - App MétéoSuisse
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Noël 2022 sous le signe de la douceur

Alors que les régions sous le stratus en ce dimanche de Noël n’auront pas des températures aussi élevées que la veille, les maxima en montagne gagneront quelques degrés pour atteindre environ 13 °C à 1000 m et 9 °C à 2000 m. Malgré une petite baisse de température mardi prochain, la douceur qui s'est installée en Suisse il y a quelques jours semble vouloir se maintenir jusqu'à la fin de l'année au moins.

Températures maximales du 24 décembre 2022.
Figure 1. Températures maximales (en °C) mesurées le samedi 24 décembre 2022. (Source : MétéoSuisse)

La douceur de cette année ne contraste pas vraiment avec les Noëls précédents qui ont pour la plupart été marqués par des températures largement en dessus de la norme saisonnière. Il faut remonter à 2010 pour trouver un Noël blanc en plaine avec des températures en dessous de la norme.

Mythe ou réalité ?

Est-ce que la douceur à Noël se vérifie sur le long terme dans les données de mesures ? Sur le diaporama ci-dessous, nous avons calculé les températures journalières moyennes pour chaque jour de décembre de 1991 à 2020 pour les stations de Genève, Sion, La Chaux-de-Fonds et du Moléson.

On constate sur ces 4 graphiques ci-dessus que la température baisse durant la première moitié de décembre avec un minimum autour du 15 avant de remonter autour du 20 décembre pour atteindre un pic le 23. Ensuite, la température baisse légèrement en plaine (plus rapidement en montagne) les 24 et 25 avant une baisse plus significative le 26. À Sion, le redoux à Noël est moins marqué, cela vient sûrement du fait que la vallée du Rhône est moins exposée aux redoux apportés par le vent d’ouest et qu’elle reste souvent dans un lac d’air froid.

Pourquoi un tel redoux ?

Le redoux de Noël peut s’expliquer avec l’évolution de la circulation atmosphérique en Europe au début de l’hiver. Avec la nuit polaire qui s’installe début décembre aux latitudes élevées, la température baisse rapidement en Scandinavie et un anticyclone de surface se forme (à cause de l’accumulation d’air froid dense au sol). Cette situation favorise les courants de nord à est froids sur l’Europe centrale et la Suisse, cela a par exemple été le cas cette année. En parallèle, le gradient de température entre les tropiques et le pôle augmente ce qui renforce le courant d’ouest sur l’Atlantique. L’air froid entraîné parfois depuis l’Europe du Nord sur l’Atlantique peut également renforcer les dépressions (et donc le courant d’ouest). Autour du 20 décembre, le courant d’ouest doux s’étant renforcé, il reprend le dessus et chasse l’air froid de l’Europe, ce qui entraîne une hausse des températures qui atteint son maximum vers Noël. Juste après, le flux prend une orientation plus nord-ouest ce qui fait à nouveau baisser les températures, ce qui n’est pas le cas cette année.

Situations synoptiques moyennes récurrentes pour les périodes approximatives du 10 au 18 décembre et du 20 au 25 décembre. Il s’agit d’un schéma pour illustrer les situations souvent observées ces dernières années et non d’une situation moyenne calculée avec des données météorologiques. H = Haute Pression (Anticyclone) / B = Basse Pression (Dépression).
Figure 3. Situations synoptiques moyennes récurrentes pour les périodes approximatives du 10 au 18 décembre et du 20 au 25 décembre. Il s’agit d’un schéma pour illustrer les situations souvent observées ces dernières années et non d’une situation moyenne calculée avec des données météorologiques. H = Haute Pression (Anticyclone) / B = Basse Pression (Dépression). (Source : MétéoSuisse)

Une évolution récente

À l’échelle climatologique, ce redoux de Noël est plutôt récent et ne s’observe que sur les dernières décennies. Lorsque que l’on regarde les températures de décembre sur la période 1864-2021 (Figure 4 ci-dessous), la courbe baisse de manière relativement régulière du début à la fin du mois sans pic à Noël. On peut donc se demander si ce redoux de Noël depuis quelques décennies est lié à la variabilité naturelle multi-décennale du climat ou alors s’il s’agit d’une conséquence indirecte du réchauffement climatique ? Nous laissons cette question complexe ouverte. Il faudrait une étude scientifique plus poussée qu’un simple article de blog pour y répondre. Ou alors la réponse viendra dans quelques décennies.

Températures journalières moyennes (en °C) du 1er au 31 décembre à Genève, moyenne 1864-2021.
Figure 4. Températures journalières moyennes (en °C) du 1er au 31 décembre à Genève, moyenne 1864-2021. (Source : MétéoSuisse)

Toute l’équipe de MétéoSuisse vous souhaite encore un Joyeux Noël ! Et si vous désirez tout savoir sur le briefing météo fourni au Père Noël, rendez-vous sur le blog de nos collègues tessinois.