Contenu

Route du Rhum 2022

MétéoSuisse-Blog | 04 novembre 2022
5 Commentaire(s)

Dimanche 6 novembre, pas moins de 138 bateaux prendront le départ de cette mythique course transatlantique en solitaire qui relie la Bretagne à la Guadeloupe. Un parcours de 6562 km à travers l’Atlantique à la force des éléments. Le vent et les courants constituant la matière première de la progression des skippers, une prévision météorologique est incontournable pour avancer au mieux. C’est la raison pour laquelle chaque skipper bénéficie d’un routage, c’est-à-dire qu’il reçoit en amont et pendant la course des informations météo afin de faire les meilleurs choix pour optimiser son tracé. Bien que le routage des 4 Suisses qui prendront le départ soit assuré par des spécialistes, MétéoSuisse vous donne un aperçu dans ce blog des enjeux météorologiques de cette course au large qui fait rêver.

  • Météo

Pied de page

Navigation top bar

Toutes les autorités fédéralesToutes les autorités fédérales

Routage météo

L’objectif d’une course à la voile est d’effectuer le parcours donné le plus rapidement possible. Le moteur des bateaux à voile étant l’énergie du vent et des courants, il est indispensable sur une course d’une telle distance de s’équiper de bonnes prévisions météorologiques.

Les skippers qui participent à la Route du Rhum ont tous des connaissances et une solide expérience de la météorologie marine. Mais pour aller encore plus vite aujourd’hui, la plupart utilisent des logiciels de routage. Ces logiciels calculent, sur la base de prévisions de modèles météo (les fameux fichiers « GRIB » pour les intimes), le meilleur parcours possible compte tenu également des performances du bateau, de l’état de la mer et des courants.

Comme toutes les personnes pratiquant des activités météo-sensibles, les marins savent que chaque situation météorologique cache son lot d’incertitudes. De fait, ils recourent désormais même aux prévisions ensemblistes pour déterminer le champ des trajectoires optimales possibles avec des estimations de temps de traversée entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre!

Outils à bord

L’ordinateur de bord qui permet d’assurer la navigation dispose aussi de ce logiciel de routage qui reçoit régulièrement les prévisions actualisées pour confirmer ou adapter la stratégie en route et les choix de navigation.

Quelles conditions pour la traversée de l'Atlantique?

Depuis le 24 octobre, un bulletin météorologique est émis chaque jour par l'organisation de la Route du Rhum pour donner une prévision des conditions de navigation sur le début de la course, et ces bulletins sont accessibles à tous depuis la page Météorologie du site internet officiel de la route du Rhum.

L’objectif est d’avoir une idée des vents en surface sur tout le bassin Atlantique afin d’orienter sa route dans les zones les plus favorables, c’est-à-dire celles où le vent est régulier et fort, idéalement perpendiculaire à la route, et si possible à l’écart des zones perturbées ou des tempêtes.

Bulletin météorologique

Le bulletin publié ce vendredi matin donne les informations suivantes :

« Dimanche 6 novembre :

Ciel très nuageux avec un passage de pluie en matinée. Ciel changeant l’après-midi avec éclaircies et passages nuageux s’accompagnant de rares averses.

  • Vent : Sud-ouest 30-35 km/h avec des rafales à 50-55 km/h.
  • Températures : de 13 à 16°C
  • Risque de précipitations : 80% (matin surtout)

Tendance pour le départ dimanche 6 novembre et pour le début de course :

C’est sous un flux de sud-ouest perturbé et instable que les 138 skippers s’élanceront à 13h02 de la pointe du Grouin ce dimanche.

A l’arrière d’une perturbation qui aura traversé la partie ouest de la Manche en matinée, c’est un vent irrégulier de sud-ouest (230°-240°) proche de 20 nœuds qui concerne les navigateurs à la mi-journée pour le départ. Etant donné l’instabilité de la masse d’air, les rafales pourront atteindre 30 nœuds. La mer sera peu agitée à agitée, avec une hauteur significative de vagues estimée entre 1 m et 1,5 m et des hauteurs maximales de vagues autour de 2,5 m. Cette situation présente à ce jour une très bonne fiabilité.

Dans l’après-midi, en direction de Bréhat, le vent d’ouest-sud-ouest s’établira entre 17 et 20 nœuds avec des rafales de l’ordre de 27 à 30 nœuds. Ce sera donc une navigation au près pour les premières dizaines de milles à parcourir avec des bords à tirer puisque le vent viendra de l’avant du bateau. Au fil des heures, si le vent évolue peu en force et direction, la mer se renforcera, et deviendra agitée, avec des hauteurs significatives de 1,5 m à 2 m et une période longue de l’ordre de 15 secondes. »

Pour voir ce qui attend les skippers sur la suite de leur parcours, on peut jeter un œil aux prévisions de pression au niveau de la mer sur les 7 prochains jours entre la Bretagne et la Guadeloupe. Le vent soufflant plus fort lorsque les courbes isobares sont plus resserrées, on entrevoit, comme annoncé par le bulletin texte précédent, que le début du trajet serait assez mouvementé dans un flux d’ouest à sud-ouest soutenu en marge des résidus du cyclone tropical « Martin » (dépression sur l’Atlantique nord en début de période), tandis que la suite promet plutôt un champ de pression assez élevé et très relâché (isobares très espacées) et donc peu de vent en surface. Pour un marin, haute pression rime souvent avec peu de vent et n’offre pas les conditions rêvées pour naviguer vite, même si elle limite les risques d’avarie.

Le début de course en bordure de ces systèmes dépressionnaires s’annonce donc assez mouvementé, avant un transit à travers une zone de haute pression dans laquelle les vents devraient être nettement moins soutenus. Une bonne dose d’adaptabilité et d’opportunisme sera nécessaire pour se faufiler à travers ces systèmes météorologiques semés d’embûches... Les différences se feront sur des tentatives pour aller chercher des courants favorables ou de petites risées!

Dernière ligne droite avant le grand départ

C’est dimanche 6 novembre que les marins franchiront la ligne de départ au large de Saint-Malo et mettront le cap sur la Guadeloupe. Tout comme pour la régate du Bol d’Or sur le Léman pour laquelle MétéoSuisse assure la prévision météo, les concurrents assistent à un briefing général avant le grand départ où leur sont données toutes les informations sur le départ et le parcours, les dernières prévisions météorologiques et les procédures en cas d’avarie.

Parmi les 138 skippers engagés, 4 Suisses dont une Suissesse prendront dimanche dans 2 jours le départ de cette édition de la Route du Rhum.

Bon vent à tous nos marins, en toute sécurité !