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Les risques du métier

MétéoSuisse-Blog | 26 octobre 2022
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Vous hésitez, vous hésitez... puis finalement vous vous jetez à l'eau. Trop tard ! La loi de Murphy s'applique aussi à la prévision météo, comme l'illustre l'exemple ci-dessous. Au grand dam des utilisateurs, et pour la plus grande frustration des météorologues, en tous cas des plus sensibles à la critique.

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Le vent a soufflé fort sur le Haut-Lac cette nuit, en vagues successives de vent d'ouest ou de Vaudaire, d'abord inférieures aux seuils d'avis, pour finalement dépasser assez largement ces mêmes seuils à la troisième ruade.

Ce phénomène s'explique - après coup bien sûr - par la plongée des puissants vents d'altitude vers les basses couches de l'atmosphère à l'occasion du passage de zones d'averses. En effet, le vent de sud-ouest présent sur les sommets était compris entre 80 et 120 km/h. D'une manière générale, les rafales maximales enregistrées à la station du Bouveret sont en bonne corrélation avec le passage des zones d'averses, comme le montrent les illustrations ci-dessous.

La troisième vague de précipitations et de rafales associées aurait dû faire l'objet d'un avis pour les lacs car les seuils furent largement dépassés. Fort de l'expérience des deux premières vagues, le météorologue de service ne l'a - à tort - pas jugé nécessaire. Il a bien battu sa coulpe !

Pour la petite histoire, mais c'est celle qui a inspiré le titre de cette article, il y eut une quatrième vague de précipitations en fin de nuit. Désireux de ne pas répéter l'erreur du collègue précédent, votre serviteur envoya donc un avis lac, assez confiant dans la survenue de nouvelles et vigoureuses rafales. Comme il se doit en pareil cas, elles ne se produisirent pas ! Double erreur, double peine... et un message cinglant d'un navigateur désappointé.

On peut tenter d'expliquer - mais sans certitude aucune - pourquoi les rafales de la dernière vague n'eurent pas lieu :

- les vents d'altitude avaient faibli et n'avaient peut-être plus la force de raboter les couches d'atmosphère les plus basses.

- en fin de nuit et le refroidissement aidant, ces mêmes couches inférieures étaient peut-être devenues trop froides, donc trop denses, pour se mettre en mouvement.

- plus sûrement un mélange de ces deux causes.

Si la science météorologique est bien cernée dans ses grandes lignes et les modèles très performants, la prévision à l'échelle locale recèle encore bien des mystères et des subtilités, souvent connues des habitants les plus observateurs, et qui se transmettent de bouche de druide à oreille de druide. Ce côté insaisissable fait tout l'intérêt - et les risques - du métier et le prix des mécontentements inévitables n'est somme toute pas cher payé.